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Les partis de gauche ne sont pas près de revoir le pouvoir

  • Renouvier
  • 17 juin 2024
  • 3 min de lecture

 

Historiquement, la gauche républicaine a reposé sur le soutien de la bourgeoise intellectuelle et d’une large partie des classes populaires. Cette base historique s’est sensiblement rétrécie avec la perte de la plus grande part des classes populaires ; et le « peuple de gauche » restant s’est radicalisé. Tout cela rend improbable la capacité de ces partis à emmener le pays sur un projet commun.


Les classes populaires votent aujourd’hui majoritairement en faveur de l’extrême-droite. Cette progression s’est faite d’abord au détriment de la gauche, pour laquelle la destruction de la base industrielle française (notamment dans le Nord et l’Est) s’est accompagnée de l’abandon des ouvriers qui en vivaient. La progression de l’extrême-droite se fait maintenant au détriment de la droite dans les terres historiques du RPR, comme le Centre ou la Bourgogne.


Pour la gauche, la question est maintenant de savoir si l’arc populaire historiquement de gauche (correspondant, pour une raison inconnue, à la zone historique de présence des protestants), allant du Dauphiné à la Rochelle en passant par les Cévennes et la région toulousaine, va résister en restant à gauche ou va basculer à l’extrême droite. Cette bascule a déjà été faite dans les zones les plus pauvres, notamment l’ancien Midi rouge. Sans modification de la tendance actuelle, il n’est pas impossible qu’elle se poursuive dans la vallée de la Garonne ou ailleurs.


La progression de la tendance actuelle conduit in fine à ce que les seuls représentants des classes populaires votant pour les partis de gauche soient les Français pauvres des zones urbaines, principalement issus de l’immigration en provenance des pays arabes et africains.


A ce rétrécissement de la base populaire des partis de gauche, s’ajoute la radicalisation des électeurs votant encore à gauche.


La bourgeoisie intellectuelle (enseignants, juristes, artistes, secteur associatif…) peut être qualifiée comme telle du fait du capital social et intellectuel dont elle dispose et qui lui confère une influence particulière dans la société. Cette fraction de la société s’est radicalisée pour une bonne et une mauvaise raison : la bonne raison est le rejet de la société de marché (anciennement appelée « règle de l’argent ») et de l’extension de la logique de compétition et de profit à l’ensemble du champ social, notamment dans l’école, dans le système de santé et dans l’asservissement de la Nature aux logiques de l’argent. La mauvaise raison est la rancœur accumulée contre les élites économiques qui, à la suite des grands changements des années 1980, sont devenus le groupe social dominant, au détriment de cette bourgeoisie intellectuelle qui était, depuis le XIX° siècle, le groupe le plus influent dans notre société.


Les Français des zones urbaines pauvres se sont également radicalisés sous le coup de deux effets qui les conduisent à adopter la logique du vote identitaire. D’abord, cette radicalisation tient à l’influence d’idéologies nouvelles en France : les théories sociologiques applicables aux Etats-Unis et que l’on calque sur la France au mépris de l’histoire et de la réalité sociale et humaine du pays, et qui trouvent un terreau fertile sur le fond ancien d’extrême-gauche ; ainsi que l’islamisme sous ses différentes formes. Ensuite, cette évolution tient à l’absence de concrétisation de la promesse républicaine, qui devait traiter chaque citoyen de manière égale, qu’elle que soit son origine, alors qu’il est clair que les discriminations d’origine sont plus fortes que jamais et renvoient chacun à son identité.


Le drame des partis de gauche est que cette radicalisation de sa base électorale est antinomique avec son élargissement, voire même avec la conservation de ses électeurs dans l’arc Dauphiné-La Rochelle. Parmi les Français vivant à Forcalquier, Narbonne ou Tulle, qui peut sincèrement croire que la priorité pour le pays est de moins travailler (retraite à 60 ans, 6ème semaine de congés payés), alors que l’ambition est d’avoir un travail permettant de faire vivre sa famille sans y laisser sa santé ? Qui peut croire que l’abrogation des contrats d’intégration républicaine conditionnant le versement de subventions au respect des principes républicains est la priorité, alors que chacun voit les effets de l’islamisme sur une frange de la société ? Qui peut croire qu’il suffit de « faire payer les riches » pour résoudre tous nos problèmes, alors que chacun est conscient de la complexité des problèmes que le pays traverse ?


Les hasards électoraux peuvent toujours réserver des surprises. Mais, même si, par un concours de circonstances, les partis de gauche parvenaient à prendre le pouvoir, ils ne disposeraient pas de la base sociale suffisante pour l’exercer dans la durée.


C’est donc qu’il est nécessaire de déployer une autre politique de gauche : une politique qui reprenne la transmission rompue sur l’héritage de la gauche républicaine et socialiste et s’adresse à l’ensemble des Français pour qu’ils accomplissent leur vocation historique de construction d’une société de liberté, d’égalité et de fraternité.

 
 
 

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