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La réponse de la gauche à la colère : patriotisme républicain et soumission de l’économique au politique

  • Renouvier
  • 20 juin 2024
  • 3 min de lecture

Notre pays traverse une époque de colère et la colère est une émotion antinomique au projet de la gauche républicaine et socialiste. Enraciné dans la philosophie des Lumières, le projet de la Grande Révolution, poursuivi par les grands républicains et socialistes des XIX° et XX° siècles, vise à créer des citoyens qui se guident par la raison et qui définissent par le débat et la discussion rationnelle les principes organisateurs de la société.


Comme le dit Jean-Pierre Vernant, il existe un lien consubstantiel entre la raison et la démocratie. Sortir de la raison nous expose à sortir de la démocratie. La généralisation de la colère signifierait la fin non seulement de la gauche républicaine et socialiste mais aussi probablement celle du régime politique républicain.


Comment la gauche républicaine et socialiste peut-elle répondre à la colère ?


Surtout pas en attisant encore la colère, car ce serait renier son projet, alimenter la violence et précipiter sa propre fin. Et pas non plus en écartant d’un revers de main les raisons de fond qui alimentent cette colère.


D’abord en continuant à porter l’ambition de s’adresser à la raison des citoyens et à former cette raison politique par les propositions argumentées, le débat d’idées et la défense des principes d’organisation de la société issus de la Grande révolution. La parole publique n’a pas seulement pour fonction de défendre et convaincre les électeurs. Elle est aussi un vecteur de formation politique des citoyens et, de ce point de vue, l’abaissement de la parole publique est indissociable des mouvements qui remettent en cause la société des citoyens que la République veut fonder.


Ensuite en répondant aux problèmes de fond qui alimentent cette colère :


- par le patriotisme républicain : les tendances des sociétés démocratiques contemporaines conduisent à un vote identitaire, qui constitue un élément déterminant de la progression de l’extrême droite et de l’extrême gauche.


Cette tendance de fond doit être combattue par la réaffirmation de la Nation républicaine qui, en étant fondée sur les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, est accueillante à tous ceux qui se reconnaissant dans ses valeurs et qui mène le combat juste de promotion de ces principes. Mais également par la réaffirmation de l’attachement à la France dans sa singularité, dans son histoire et dans sa vocation historique de société fondée sur les principes de liberté, d’égalité et de fraternité. Patriotisme qui donne la fierté d’être français, qui n’est pas la fierté tribale d’appartenir au groupe, mais la fierté de porter l’héritage des combats, des idées et des arts portés par ceux qui nous ont précédé et que l’on poursuivra et réinterprètera à chaque génération.


Pour que finalement, on considère l’autre comme le compatriote, avant toute autre considération.


Le chemin pour convaincre sera long, car il suppose de combattre la conception tribale de la Nation défendue par l’extrême –droite ; et de déconstruire l’anti-racisme pour le fonder sur l’égalité républicaine, et non plus sur la valorisation culturelle ou la vengeance post-coloniale ; mais ce combat est essentiel pour que notre pays reste vivable pour nos enfants.


- par la soumission de l’économique au politique : la prépondérance de l’économique sur le politique, ouverte dans les années 1980, est désormais terminée aux États-Unis et en Chine. Il est temps qu’elle prenne également fin en Europe et en France – même les grandes entreprises prenant conscience du risque géopolitique pesant sur l’éclatement des chaînes de valeur.


Cette évolution majeure permettra non seulement de « reprendre le contrôle » comme beaucoup le réclament mais surtout de redonner à l’Etat la capacité à agir plus profondément sur l’économie et donc sur la société.


La manière d’y arriver sera complexe car elle supposera d’articuler des actions de l’Etat avec des actions de l’Union européenne. Elle est néanmoins accessible et déterminante pour rééquilibrer le rapport de forces entre la bourgeoisie d’affaires, dominante depuis les années 1980, et le reste de la société, au premier chef les ouvriers et employés.


Le combat contre la colère est existentiel pour la gauche républicaine et socialiste. Qui a dit que les grands combats de la gauche étaient derrière nous ?

 

 

 

 

 

 
 
 

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