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Qu’est-ce qu’une politique étrangère socialiste et républicaine?

  • Renouvier
  • 11 oct. 2023
  • 3 min de lecture

La politique étrangère est le lieu politique de la raison d’État et la confrontation brute des intérêts. Les politiques dites « réalistes » discréditent toutes les autres options comme naïves. Elles perpétuent ainsi la lutte de tous contre tous et leur prétendu réalisme sacrifie les objectifs de long terme de la République à des gains tactiques de court terme.

Il est pourtant possible de tracer les grandes orientations d’une politique étrangère fondée sur des valeurs de gauche, qui soit consciente du réel, garante des intérêts de l’État et fidèle à ses valeurs.

Au préalable, le premier objectif d’une telle politique est de garantir la sécurité des Français, tant en France qu’à l’étranger. C’est la tâche essentielle d’un État de protéger ses ressortissants. Pour la gauche, cette tâche est non seulement un impératif institutionnel mais aussi un impératif politique. Il est indispensable de prouver qu’un Gouvernement de gauche sait assurer la sécurité des citoyens et en fait un objectif essentiel. Le procès en illégitimité qui est fait à tous les gouvernements de gauche ne doit trouver aucun aliment sur notre capacité à protéger la France.

Une politique étrangère de gauche soutient tous les efforts qui tendent à faire prévaloir le droit sur la force. « La République française, fidèle à ses traditions, se conforme aux règles du droit international public » (Préambule de la Constitution de 1946). De ce point de vue, malgré tous ses défauts, l’Union européenne est un exemple sans précédent de domestication des relations internationales par le droit. La portée effective de cette orientation reste néanmoins incertaine et, si sa proclamation est essentielle pour que la France reste la France, si son respect doit s’imposer dans les relations entre démocraties, l’effectivité de ce principe dans les autres cas est limitée.

Une politique étrangère de gauche accorde une place prépondérante aux valeurs démocratiques dans sa définition et sa mise en œuvre. Les contours exacts de cette place doivent être déterminés très précisément pour faire pièce aux critiques des politiques prétendument réalistes et trouver l’équilibre avec les autres objectifs de notre politique étrangère.

1) La promotion des valeurs démocratiques relève de la stratégie de long terme car l’histoire montre que les démocraties ne se font pas la guerre entre elles. L’extension du champ de la démocratie participe donc de l’objectif de protection des Français et de la France.

2) Le sacrifice de cette stratégie de long terme à un intérêt tactique de court terme est une erreur. Les forces kurdes des YPG sont, par nature, les alliés de la France et le resteront. Le soutien à un régime dictatorial ne peut être que transitoire et soumis à la versatilité du dictateur. Un tel soutien ne peut être exclu par principe néanmoins quand la stratégie de long terme (protéger la France et sauvegarder la République) le commande. L’alliance avec la Russie tsariste avant la première Guerre mondiale et l’absence d’alliance avec l’URSS avant la seconde Guerre mondiale prouvent que la stratégie de long terme peut nécessiter ponctuellement de telles alliances.

3) Les moyens de soutien aux valeurs démocratiques doivent être des moyens d’influence pour soutenir les forces démocratiques dans les sociétés qui ne le sont pas. L’histoire montre en revanche que tout usage de la force pour imposer nos valeurs, depuis les guerres post-révolutionnaires jusqu’à la guerre en Irak, nous fait perdre ces mêmes valeurs et se termine en désastre.

Une politique étrangère de gauche, enfin, assigne un périmètre précisément défini à sa diplomatie économique, en distinguant les intérêts économiques relevant de l’intérêt national des intérêts des grandes entreprises françaises. La sécurisation des mines d’Arlit au Niger relève de l’intérêt national car la production électrique française repose sur l’uranium. La protection des champs sibériens gaziers de Total ou la construction d’un oléoduc en Afrique de l’Est par Total relèvent de l’intérêt de Total, et non de la France. De manière générale, la justification sous couvert d’emploi de tout agissement d’une entreprise française à l’extérieur de nos frontières mérite un examen systématiquement critique.

Une politique étrangère de gauche est possible. Elle tient une stratégie de protection des Français et de soutien aux forces et États démocratiques, refuse de la sacrifier pour des gains tactiques de court terme et assigne à la protection des intérêts économiques une place qui est limitée à leur congruence avec l’intérêt national.






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