#PLF2024: mépris pour le service public et politique économique datée
- Renouvier
- 29 sept. 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 oct. 2023
Pour un lecteur initié, le budget présenté par un exécutif révèle le sens de sa politique, masqué par les éléments de langage. Comme on regarde un tableau de Jérôme Bosch, la multiplicité des détails s’estompe peu à peu pour laisser voir le sens de l’œuvre.
La volonté du Gouvernement de ne léser en apparence aucun groupe social, enracinée dans l’événement fondateur des gilets jaunes, l’amène à assigner 14 priorités à ce budget pour 2024 (PLF2024). Depuis le financement de la planification écologique jusqu’au rayonnement de la France, en passant par la baisse des impôts ou le soutien aux collectivités locales, chaque citoyen doit pouvoir y trouver son compte.
Un tel foisonnement pourrait laisser croire que, si tout est prioritaire, alors plus rien ne l’est. Le sens de la politique du Gouvernement, inchangé depuis 2017, se retrouve pourtant dans ce budget comme dans les précédents : c’est celui d’une vision datée des moyens de la prospérité, du mépris pour le service public et du maintien de l’ordre comme but en soi.
Ce Gouvernement s’est forgé une image de gestionnaire avisé de l’économie. La proximité avec la grande bourgeoisies d’affaires ne suffit pourtant pas à trouver les moyens de la prospérité. Quand on a déjà baissé les impôts sur les entreprises de 30 milliards d’euros depuis 2017, y ajouter une baisse de 1 milliard d’euros de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises relève plus de l’idéologie que de la mobilisation avisée des ressources publiques. Quand les objectifs sont légitimes, les moyens mobilisés sont inefficaces : le plan France 2030, qui doit investir dans les secteurs d’avenir, mobilise 7,7 milliards d’euros… qui financeront, comme on le faisait il y a vingt ans, des appels à projets longs, coûteux et aux résultats médiocres.
Le mépris pour le service public et les fonctionnaires reste une constante de ce Gouvernement depuis son arrivée en 2017. Le budget pour 2024 repose sur une économie massive : la baisse de la rémunération réelle des agents publics. Avec une inflation de plus de 13 % sur trois ans, la hausse du point d’indice de 3,5 % a une signification concrète : entre le début de l’année 2022 et la fin de l’année 2024, le salaire réel des agents publics aura diminué de près de 10 %. Ce budget a pour objet, comme les précédents, d’appauvrir les fonctionnaires : il a le mérite de la cohérence pour un Gouvernement qui a érigé le mépris du service public comme ligne de force de son action depuis six ans.
Il est toutefois certains fonctionnaires que le pouvoir a choyés depuis 2017 : les policiers et les militaires. Les moyens de la Défense nationale et de la Sécurité intérieure sont garantis par des lois de programmation, sans qu’aucune contrepartie ne soit demandée : pas de question sur la pertinence d’un programme de défense défini pour l’industrie de l’armement ; pas d’effort de formation, ni de contrôle des forces de sécurité intérieure, et encore moins d’exigence dans le maintien de l’ordre – si ce n’est le garantir à tout prix.
La société voulue par ce budget est bien celle que construit peu à peu ce Gouvernement depuis six ans : une société mise au service des élites économiques, qui n’ont besoin du budget de l’Etat que pour en obtenir des subventions et leur garantir la sécurité.
Le budget de l’Etat doit cesser d’être mis à profit par une minorité, il doit désormais profiter à tous.
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