top of page

L’immigration économique n’est pas une politique de gauche

  • Renouvier
  • 22 nov. 2023
  • 2 min de lecture

« Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République ». Ce quatrième alinéa du Préambule de la Constitution de 1946 ancre le droit d’asile dans l’héritage républicain et remonte jusqu’à la Révolution. Dans une nation qui se vit avant tout comme un ensemble construit sur les valeurs républicaines, quoi de plus normal que d’accepter tous ceux qui partagent ces valeurs et se battent pour elles ?


L’immigration économique n’a, en revanche, pas de fondement dans notre héritage républicain et doit s’apprécier au regard de ses causes et ses effets.


L’immigration économique est historiquement voulue par le patronat pour la concurrence qu’elle crée sur le marché du travail non qualifié. Un afflux de main d’œuvre non syndiquée, prête à travailler dans ces conditions indignes ou dangereuses, pour un salaire de misère. Depuis les Italiens des marais salants d’Aigues-Mortes jusqu’aux Portugais du secteur du BTP, en passant par les maghrébins des usines des années 1970, le schéma reste le même : alors que les élites économiques soutiennent l’extension du marché dans l’ensemble du champ social, elles le refusent quand il joue contre leurs intérêts.


Augmenter les salaires pour inciter les salariés à exercer des métiers dangereux ; améliorer les conditions de travail dans les secteurs les plus dangereux ou contraignants ; définir l’organisation du travail en intégrant ses effets sur les salariés : tout cela va à l’encontre des intérêts des élites économiques, tout cela justifie l’afflux de main d’œuvre non qualifiée pour exercer les métiers qu’un compatriote n’exercerait pas – car indignes d’un pays riche : les femmes de ménage qui nettoient les bureaux de 7 heures à 9 heures du matin ; les cuistots qui restent du matin au soir dans les cuisines de brasseries parisiennes sans heures supplémentaires rémunérées ; les ouvriers agricoles dehors été comme hiver et exposés aux risques physiques et sanitaires ; les livreurs des plates-formes Internet dans les grandes villes… Tous ces métiers pourraient être mieux payés et exercés dans de meilleures conditions si les mécanismes économiques fonctionnaient normalement sur chacun de ces marchés du travail.


Quand elle concerne les métiers qualifiés, l’immigration économique dépouille les pays en développement des travailleurs qualifiés dont ils ont besoin pour leur développement. Les médecins, les ingénieurs, les créateurs de toutes sortes sont une richesse pour un pays et leur départ appauvrit leur pays d’origine, non seulement pour leur apport économique mais aussi pour l’apport culturel et idéologique attendu des élites intellectuelles.


Avec 36 000 titres de séjour accordés en 2021 pour motif économique, cette immigration est de même ampleur que l’accueil humanitaire des réfugiés et bénéficiaires du droit d’asile. Alors que l’échec des politiques migratoires menace de tout emporter, jusqu’à nos institutions et nos valeurs fondamentales, réduire l’immigration économique est une réponse de gauche à un enjeu majeur de l’époque.


Kommentit


Boulevard Renouvier est sur FaceBook et Mastodon

© 2023 par Boulevard Renouvier. Créé avec Wix.com

bottom of page